Federacja EuroJumelages
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Rozmowa z Mieczysławem Bulerą w tygodniku Poczta Polska

Okładka Poczta Polska nr 52/2009 Poczta Polska nr 52/2009 

LES GENS DE LA POSTE

Le temps qu’elles mesurent...
Il aime son travil et il y voit un sens. Il s’occupait de la sécurité et de l’hygiène du travail presque dès le début de sa carrière professionnelle aux Poste et Télécommunications, à savoir depuis 1971. – C’est quelque chose de plus qu’un métier exercé, c’est une passion – dit Mieczyslaw Bulera de Gorzow Wielkopolski. - La deuxième, aussi forte que la première, ce sont des horloges. Je les collectionne depuis des années et ce sont elles qui étaient les témoins des nombreux événements importants dans ma vie.

A 18h pile les sons de la première horloge remplissent la pièce. Les autres suivent tout de suite après. Mieczyslaw Bulera à qui nous rendons visite, explique que les horloges ont été remontées exprès pour nous. Il ne le fait pas tous les jours, sinon, il serait impossible de dormir. Quand les horloges se taisent, nous lui demandons de parler de son travail.

Est-ce que les formations en sécurité et hygiène du travail (sigle polonais : BHP) doivent ... endormir
- Il y a beaucoup d’opinions fausses et injustes sur les services BHP. Quand la Pologne était encore « République Populaire de Pologne », bien qu’on prônât le respect du travail, la réalité ne le confirmait pas toujours. La sécurité et l’hygiène du travail étaient traitées par-dessous la jambe ou comme un mal nécessaire . Hélas, beaucoup d’experts en BHP ont fini par accepter le fait d’avoir la paix au lieu d’avoir raison. Leur activité était limitée à l’organisation des formations ennuyeuses et au maintien de l’ordre dans les papiers. Non, je ne trouve pas que les 38 ans passés étaient perdus. Je n’ai pas passé ce temps derrière mon bureau. J’ai été parmi les gens et avec les gens. A l’époque où les PTT étaient encore une seule firme, j’ai consacré beaucoup d’énergie à l’amélioration des conditions du travail dans les centraux téléphoniques. Le bruit et un mauvais éclairage rendaient la vie dure aux employés. Quant à la poste même, le sujet numéro un, depuis toujours, était la sécurité des facteurs. Aux temps de la RPP, il y avait nettement moins de vols, mais un réel danger qui a perduré indépendamment de tous les changments de régime, c’est l’agression des chiens.
Je tâchais et je tâche toujours d’enseigner aux facteurs de bons comportements dans leur quartier. Je veux que cela devienne leur réelle habitude. Je n’organise pas que les formations. J’aide les chefs et les facteurs à résoudre leurs problèmes pressants. Je discute avec les propriétaires des chiens. Je les persuade d’installer les boîtes aux lettres dans des endroits qui garantissent la sécurité au facteur. Si cela ne suffit pas, je demande à la police de m’aider. Je n’y renonce jamais.
L’année dernière nous avons eu un accident malheureux dans notre quartier. Le propriétaire d’une maison avait un amstaff. Pendant 8 ans ce chien acceptait le facteur. Pourtant un jour, à ne pas savoir pourquoi, il l’a soudainement attaqué. Il ne réagissait pas aux cris de son maître. Il a renversé le facteur et l’a grièvement mordu. C’est pour cela que je me fâche beaucoup quand j’entends quelqu’un dire : « Monsieur, ce chien ne mord pas ».

Le début de la collection
L’horloge produite à Torun par la firme Metron était la première que Mieczyslaw Bulera avait achetée. C’était au milieu des années soixante. L’horloge n’était pas très belle, mais elle était solide et aujourd’hui elle présente une grande valeur affective.
- Quand une fois par semaine je la remonte, je pense parfois à l'autre époque. C’est alors que j’avais découvert en moi-même la passion d’un activiste. Le point de départ c’était le sport ou plutôt son absence dans la vie des postiers de Gorzow Wielkopolski. Nous ne prenions pas part aux tournois sportifs organisés dans notre district. Et ce n’étaient pas les volontaires qui manquaient mais une personne qui aurait voulu préparer l’équipe et s’occuper de l’organisation. C’est moi qu’on avait choisi et je me suis laissé entraîner par ce travail.
Nous nous rencontrions le dimanche. A cette époque-là, le samedi était toujours ouvrable. Tout ce que nous faisions, nous le faisions avec passion. Il y avait là-dedans beaucoup de privations et d’efforts. Je me rappelle les compétitions organisées dans le centre des postiers à Lubniewice. Le centre permettait d’accueillir 120 personnes, pourtant il en a accueilli 200 ! Les gens étaient d’accord de coucher sur des matelas par terre, pourvu qu’on pût participer aux compétitions. Le sport et les loisirs étaient présents dans la vie des postiers depuis longtemps mais j’ose affirmer que c’est dans les années soixante que l’idée d’une grande famille de postiers s’est consolidée. On était pauvres, mais les gens voulaient rester ensemble.
Nous sommes allés pour notre premier tournoi en 1976. Notre équipe devait compter 20 personnes mais finalement nous étions seulement 10 car les autres au lieu d’aller aux compétitions, ont été envoyés à un meeting pour condamner les événements de Radom (protestations contre le régime communiste en Pologne). Ce meeting avait lieu à Gorzow Wielkopolski et les autorités communistes avaient forcé beaucoup de gens de toute la voïévodie à venir. Ce n’était pas la peine de refuser.
Nous avons remporté nos plus grands succès sportifs pendant une période particulièrement difficile pour la Pologne – la première moitié des années quatre-vingts. En 1982, Gorzow a eu la troisième place dans le tournoi régional, l’année suivante, la deuxième. En 1984, nous étions les meilleurs parmi les 22 équipes. Nous continuions à remporter des succès mais moi, après 1985, j’étais absorbé par autre chose.

L’Etat de siège
A 19h00 une autre symphonie de sons a retenti dans la pièce. L’hôte se lève pour apporter une pendule ayant l’air insignifiant. Elle a été le témoin des événements dramatiques d’il y a bien des années. Peu après que la pendule avait annoncé 19h00, quelqu’un a sonné à la porte. Je n’étais pas surpris en voyant ces deux types. L’un portait un costume de policier, l’autre était en habits de ville. « Habillez-vous » a dit l’homme en costume. « Ne prenez rien avec vous ». C’était le deuxième jour de l’état de siège. Beaucoup de mes collègues avaient déjà été arrêtés. Ma fille a fondu en larmes. Elle sentait que quelque chose de mauvais se passait. J’ai pris congé de ma femme qui attendait un bébé et devait accoucher le 31 décembre. Je suis sorti dans la nuit froide et sombre.
Quand la fiat 125 passait à la hauteur du commissariat de police, j’ai dit : « Messieurs, on était censé aller là-bas ». On m’a répondu que l’interrogatoire allait avoir lieu à la prison de Wawrow. Nous étions six dans la cellule. Uniquement des prisonniers politiques. Ensuite j’ai été transféré dans une autre cellule où nous étions une vingtaine. J’étais convoqué à 2h00 et à 4h00 du matin pour l’interrogatoire. Le mauvais agent de sécurité me menaçait en disant que je n’allais plus revoir ma famille. L’autre venait après et disait que si je donnais mon consentement à la collaboration en signant un papier, tout allait être ... etc.
Heureusement, j’ai bon moral. Je peux supporter les moments difficiles. Mais quelques collègues ont craqué. Et je le comprends.
Depuis le printemps 1981, j’étais président du syndicat « Solidarnosc » dans notre établissement. Pourtant, je n’ai pas été un activiste embauché à temps plein. Pendant tout ce temps, je travaillais en tant qu’inspecteur de BHP. Sur 1100 personnes, 950 appartenaient à « Solidarnosc». Quand j’étais en prison, je revoyais dans ma tête mon long chemin depuis 1968 où, en tant qu’un jeune homme effectuant son service militaire, je participais à l’agression de l’armée du Pacte de Varsovie contre la Tchécoslovaquie. Mes collègues et moi, on sentait qu’on faisait quelque chose de mal. Mais l’ordre, c’est l’ordre. Nous avons étouffé le rêve de liberté de beuacoup de gens. Maintenant d’autres soldats, les mêmes que nous autrefois, exécutent l’ordre de leurs chefs et détruisent notre rêve de la Pologne libre. Mon rêve.
Contrairement à mes attentes, au bout de dix jours de prison, j’ai été libéré. Qui se cachait derrière cette décision ? Peut-être le directeur ? Je n’ai pas réussi à apprendre et à remercier. Quelques années plus tard la Pologne était devenue libre.

Fédération Eurojumelages
Une des horloges fixées au mur est un cadeau des amis de Jumelages – d’Elise et d’André Rousselot de Dijon. Elle doit non seulement rappeler ce qui avait été fait, mais aussi ce qui reste encore à faire. C’est ici, à Gorzow, que la première section de Jumelages a été créée. C’est Mieczyslaw Bulera qui l’a fondée. Depuis des années il est président de la Fédération Eurojumelages de la Poste Polonaise.
- L’idée directrice de l’organisation a été et l’est toujours, l’intégration de l’Europe indépendamment des opinions religieuses, politiques ou philosophiques. Cette année l’organisation fêtait son 50-ème anniversaire. La cérémonie solennelle qui a eu lieu le 9 novembre a réuni 230 personnes de toute l’Europe. La Poste polonaise a failli y envoyer son représentant. Ma participation dans cette manifestation était devenue possible grâce à l’aide des collègues de la section de Jumelages en Allemagne à Darmstadt. J’hésitais s’il fallait y aller, mais j’ai fini par constater que notre présence devait être manifestée. Même si ma firme n’est plus intéressée par l’appartenance à cette organisation, ce que je regrette beaucoup – se plaint Mieczyslaw Bulera.
tłumaczenie Jolanta Plust